PRESENTATION
ESSAI SUR LE SON MENTAL –
De Résonner…à Raisonner !
Colette
Mourey
Editions
L’Harmattan
Notre pensée est
primordialement « son »,
« son mental », « image
sonore mentale », et devient « paysage sonore » individuel à mesure que s’élabore ce « chant intérieur » que forge
continuellement notre discours mental.
Ledit son mental
ayant des propriétés énergétiques, pulsionnelles, mélodiques, polyphoniques et dynamiques :
1)
En tant qu’énergie vibratoire, l’image sonore mentale, au plus
profond de notre organisme, revêt très
exactement la même qualité ondulatoire et
les mêmes paradigmes que le son physique.
Nous soulignons les correspondances entre notre figuration sonore mentale et le
son créateur universel, notamment à travers une suite d’expériences qui part
des « figures » de Chladni et de la géométrie platonicienne.
2)
Sous son aspect multi-périodique, le substrat sonore mental émane d’une organisation temporelle non linéaire et formellement holistiquement structurée.
Il s’établit d’autre part dans la continuité de l’ensemble des
pulsations organiques, alliant notamment identiquement binarité et ternarité, et superposant de la même façon une polymétrie accentuelle à plusieurs ostinatos rythmiques, ce complexe algorithme fondateur sous-tendant
l’ensemble de l’articulation et des motifs rythmiques.
3)
Le paysage sonore mental est mélodiquement
et polyphoniquement organisé :
l’énergie vibratoire sonore mentale combine l’analogie des motifs mélodico-rythmiques et la logique discursive
directionnelle de l’intention
causale (par exemple, dans la fonctionnalité de la phrase ponctuée).
D’autre part, le son mental englobe depuis les premières formules monodiques
jusqu’aux figurations polyphoniques
les plus complexes, d’ordre conjointement contrapuntique et harmonique. Dans la
pensée la plus logique et la plus discursive en effet, le niveau analogique des
« motifs » mélodico-rythmiques,
c’est-à-dire de la « musique des mots » en tant que telle, conserve un rôle puissamment organisateur, remodelant le plus souvent à notre insu toute la conduite de notre raisonnement – à noter, tout
particulièrement, le rôle immensément fondateur de l’évocation de notre
patronyme, qui colore puissamment notre environnement langagier, et ce, depuis
notre naissance. De la même façon, les liens sont étroits entre l’émergence de
nos sentiments et l’élaboration de notre « chant intérieur », ligne mélodique constituée de tensions et de détentes tout à fait analogues
aux vagues d’énergie auxquelles nous porte notre intelligence émotionnelle. On peut leur
associer la prégnance mentale de la marche,
dans l’univers physique : dans l’exact tempo andante, l’activité cérébrale s’avère principalement d’ordre discursif ; dans des tempi plus rapides ou plus lents, l’intelligence
émotionnelle prend le dessus. A
remarquer : c’est au plan des motifs analogiques sous-jacents que s’élabore notre
potentiel logique, autant individuellement - psychologiquement, qu’historiquement,
tout au long de l’évolution de la pensée.
Pour exemple, nous
étudions ici quatre stades évolutifs de la pensée et de la musique occidentales : d’une part, au Moyen-Age, la
correspondance qui s’établit entre la monodie et une première cosmologie très
unitaire ; puis, à la Renaissance, le passage d’une polymélodie complexe
d’ordre contrapuntique à l’élaboration d’une pensée elle aussi rendue polyphonique
- dans une dimension analogique et prélogique ; ultérieurement, à l’époque
classique, un mouvement qui mène de l’élaboration de la fonctionnalité
harmonique à l’accession à une discursivité d’ordre logique – celle de la
phrase ponctuée par exemple, et à la théorisation des normes modernes de la
causalité scientifique ; enfin, une dernière évolution de ladite élargie fonctionnalité
à l’émergence et à la complexification d’un « je » qui émane d’une
intelligence sentimentale polymorphe et lucide, rendue consciente de
l’imbrication de tous les plans de la personnalité incessamment concomitamment mis
en jeu, des plus conscients aux plus inconscients.
Lorsque nous
combinons « résonance » et « raisonnement », nous utilisons
beaucoup plus pleinement notre potentiel mental que lorsque nous dissocions
l’intellect de l’intelligence d’ordre intuitif et notamment sentimentale et, ce
faisant, nous syntonisons spontanément l’activité de nos deux hémisphères
cérébraux. Ce qui se produit immédiatement dans toute pratique musicale.
4) Enfin,
le paysage sonore mental possède des propriétés d’ordre dynamique : il est timbré, coloré, en
mouvement et même en constante expansion d’ordre spiralé….Ce microcosme s’érige
en reflet du macrocosme dont il apparaît comme le vivant et vibrant miroir. C’est
en ce sens que nous sommes pleinement co-créateurs de cet hologramme informé
qui émane de l’Intelligence cosmique impersonnelle. Nous abordons ici depuis la
physique quantique jusqu’aux actuelles théories
informationnelles.
Au-delà
d’une approche strictement comportementale, nous définissons l’intelligence
musicale comme l’aptitude à
conscientiser tous les aspects sonores de la pensée, même et surtout en
l’absence de toute extériorisation physique, et, non seulement donc à
s’approprier et manipuler rythmes, lignes mélodiques et combinatoires
polyphoniques, mais, surtout, à analyser
et créer en pleine conscience tous les paramètres de cette énergie vibratoire
complexe que forme véritablement le « paysage sonore mental ». Plus le « son
mental » est riche et caractérisé d’une part, en même temps qu’analysé et volontairement conduit d’autre part, mieux le
flux de pensée peut se structurer et se complexifier, tout en accédant spontanément
à un plan supérieur de réflexivité.
L’étude du substrat
sonore de notre pensée ouvre sur des applications thérapeutiques et, dans tous
les cas, une conscientisation de ce substrat est immédiatement facteur de
développement personnel.
Lorsque s’établit une parfaite coïncidence entre notre fréquence
fondamentale corporelle propre et notre discours intérieur, aux plans sonore et
musical, notre cohérence organique nous
est beaucoup mieux apparente et elle devient ce socle identitaire au fort
potentiel synergétique sur lequel nous pouvons fonder toute notre
expérience. Par l’élaboration consciente de notre son mental, passant analytiquement
du « mot » au « motif », nous pénétrons spontanément dans les
archétypes de l’ « âme » mythique collective et notre corps vibre
enfin à des fréquences tellement plus élevées que dans le quotidien que nous
accédons à un état de libération, de façon totalement analogue à ce qui se produit dans toutes les formes de méditation
et de prière, au sens le plus large, au sein desquelles nous percevons autant notre
commune unicité originelle que l’intime
cohésion de l’Univers et de nos destinées.
L’auteur
Colette Mourey
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